Louis 51 ans

Genève, le 11 octobre 2009

Témoignage

Phase de prise de conscience

C’était il y a un peu plus de deux ans, fin juin 2007.

J’avais l’impression que rien ne pourrait plus y faire, que je n’arriverais plus à perdre les kilos en trop.

Pourtant j’en avais fait, des régimes, tout au long de ma vie; le premier à l’âge de 12 ans ! puis vers 16-17 ans, puis vers 30 ans. Et cela avait plutôt marché, notamment ce dernier qui m’avait permis de perdre 18 kilos en environ un an, passant de 103 à 85 : bon résultat ; à l’époque, on appelait cela le régime Montignac, en fait une dissociation complète lipides / glucides.

Le problème, c’est que depuis 1995, j’avais progressivement repris 8 kilos, insidieusement, en ayant l’impression de respecter  les fameux principes de dissociation, avec en plus tous les inconvénients liés à ce régime finalement peu pratique.

J’ai toujours été assez sportif et compétitif dans mes activités ; la prise de poids a toujours été une réelle contrainte et une  source de désagrément. La maturité aidant, l’excédent de poids commençait à soulever des inquiétudes quant à ma santé future.

D’où la décision de juin 2007 : il fallait tenter quelque chose de nouveau, puisque les vieilles recettes semblaient ne plus marcher.

Mais comment, mais quoi faire ?

J’avais un objectif clair, qui le demeure aujourd’hui : me sentir à l’aise dans mes activités, rester en bonne santé. Pour cela j’imaginais qu’un poids autour de 82/84 kilos me conviendrait : c’était mon poids il y a une douzaine d’années et aussi lorsque j’étais étudiant.

Plus important encore, il s’agissait de changer mes habitudes alimentaires, de trouver un nouvel équilibre durable.

Via des amis et sur leur recommandation, j’ai pris contact avec un médecin spécialiste.

Son discours m’a rapidement plu, car loin des remèdes miracles et des solutions impliquant des contraintes culinaires ; et surtout, il m’a explosé à la figure par sa simplicité et sa logique.

J’en résume ce que j’en ai retenu, en trois grands points :

1  Nous consommons de l’énergie pour vivre.

Nous acquérrons de l’énergie par l’alimentation.

Si le solde des deux est positif, alors nous grossissons.

Implacable.

Dans cet univers, 6000 Calories équivalent à 1 Kilo sur la bascule.

2  Chaque catégorie d’aliments procure un apport énergétique spécifique, les lipides, les glucides, etc…

3  il fallait donc procéder à un audit de mes habitudes alimentaires : quoi et combien : Prise de note systématique du contenu de mes repas pendant 15 jours. Quantités, donc équivalent calories.

Et voir comment corriger le tir.

Le constat de ce relevé de menus fut clair : trop de calories entraient dans la machine : alimentation où la charcuterie et le fromage étaient trop présents ; alimentation avec des doses trop importantes.

Ce qui me permet de mettre le doigt sur le point délicat : oui c’est injuste, non nous ne sommes pas égaux. J’en connais qui sont minces comme tout et qui se bourrent de pizzas.

Ceux-là consomment plus d’énergie que moi pour vivre ; moi qui suis plutôt gourmet et qui toute ma vie devrais faire attention aux quantités. C’est difficile à accepter.

La phase de changement

Facile d’y faire quelque chose, finalement.

D’autant que sur recommandation de mon médecin, j’acquis rapidement l’ouvrage indispensable qui recense les calories procurées par chaque aliment : sa lecture est forte instructive et je la conseille vivement, elle permet de se mettre les idées en place.

Et les principes d’équilibre à respecter sont somme toute assez basiques :

1 On mange de tout, et surtout des glucides à chaque repas (et oui, ils calent et apportent bien moins de calories que les lipides, à poids identique…)

2 On essaye de limiter l’apport quotidien de calories en limitant les quantités, ce qui est assez facile à faire lorsqu’on a fait un audit des ses repas et qu’on connaît désormais ses habitudes, et que l’on peut comparer au petit livre !

3 On peut multiplier les repas jusqu’à 5 par jour si je me souviens bien.

Alors mis à part ce dernier principe, assez peu applicable pratiquement pour moi: facile.

Mais il faut plusieurs éléments : un objectif réaliste à long terme (et non pas un travail d’Hercule), de la volonté et des efforts.

Et ça a marché.

J’ai assez rapidement pu ôter – ou en tout cas limiter – de mon alimentation quotidienne les éléments les plus riches en apport énergétique, et contrôler les quantités.

J’ai assez rapidement compris quel est approximativement l’apport énergétique dont j’ai besoin pour une journée type assez sédentaire.

Alors en prêtant suffisamment attention à mon comportement, j’ai pu rectifier le tir, adopter de nouvelles habitudes, à nouveau savourer ce que je m’interdisais depuis des années : un morceau de bon pain avec le fromage par exemple.

Progressivement fini les grignotages en tous genres fortement apporteurs de calories, du style les trois rondelles de saucisson avant les repas…je laisse au lecteur le soin de vérifier par lui même ce que cela représente en calories…Et tant pis pour mon fournisseur favori qui a vu ses ventes baisser de façon vertigineuse !

En un an, sans effort hors de porté de tout un chacun, j’ai perdu 10 kilos, progressivement, en douceur.

La phase de stabilisation

Elle vient toute seule.

Moins on est lourd, moins on consomme d’énergie.

Arrive naturellement un stade où, à apport constant de nourriture, le poids ne bouge plus.

Mais attention car là, cela devient par moments très difficile, surtout quand on est gourmand.

Lors de la phase de perte de poids, les résultats effectifs et quasi quotidiens sont extrêmement satisfaisants et motivants, incitant à continuer dans l’effort.

Lorsqu’on attaque la phase stable, c’est tout de suite beaucoup plus dur. Plus dur d’admettre que l’objectif est désormais de rester stable, sans progrès spectaculaire sur la bascule.

Il ne faut pas rêver, changer ses habitudes durablement demande un effort.

S’apercevoir par exemple qu’une semaine de relâchement peut suffire à remettre un kilo sur la bascule peut être de nature à renoncer. Et c’est précisément là qu’il ne faut pas lâcher, afin de mettre progressivement en place un nouveau comportement alimentaire visant à se réguler, en ayant accepté son propre mode de fonctionnement.

Oui je suis de nature à prendre du poids facilement peut-être parce que je consomme moins d’énergie que d’autres. Oui je dois faire plus attention qu’eux.

Alors je me donne des objectifs réalistes. Après avoir perdu mes 10 kilos, j’avais atteint un palier autour de 83, palier que j’ai tenu tout l’été 2008, avec même des passages en dessous de 82 au gré de l’exercice plus ou moins prononcé que je pouvais faire. Mais je me suis bien aperçu que passer à un plateau plus bas serait difficile, et que d’ailleurs je me sentais tout à fait OK avec ce poids. Mon médecin m’encouragea à continuer dans cette voie de recherche de stabilité, m’indiquant que, n’étant plus dans la zone rouge du surpoids trop important, je pouvais tout à fait continuer en bonne santé comme cela. L’objectif était donc d’être stable autour de 83. Mais comme je savais que la période des fêtes de fin d’année se profilait, avec ses plaisirs bien naturels autour du chocolat ou des bons repas, je me suis accordé un objectif plus souple et plus réaliste pour passer l’hiver : ne pas dépasser 84.5, mais avec pour second objectif de retourner à 83 une fois les turbulences gastronomiques hivernales passées.

Et c’est exactement ce que j’ai fait. Je m’accordai donc les plaisirs liés aux festivités, mais avec la vigilance du chasseur à l’affût, rectifiant le tir dès que je me rapprochais du haut de ma fourchette.

Ça a marché parfaitement, au prix parfois d’efforts importants, d’un contrôle permanent. C’est dur. Mais quel bonheur de réattaquer le printemps 2009 en forme, à 83 kilos, après un hiver où j’ai profité des joies des fêtes, des fondues et autres raclettes ; mais plus modérément qu’avant.

Je me suis donné pour 2009 l’objectif de me présenter à l’automne autour de 82 kilos en appliquant toujours le même principe : si je dépassais 83.5, alors redoubler d’attention. Ça n’a pas manqué, là après une fête de famille sur tout un week-end, là après une semaine de vacances à l’hôtel…Mais à chaque fois, grâce à mon objectif, j’ai gardé le bon cap, rectifié, en revenant au fondamental : apporter au corps juste l’énergie qui conviendra pour atteindre l’objectif.

Je ne dis pas que c’est toujours facile, mais c’est une extrême satisfaction morale et physique.

Et voir qu’on rentre facilement dans un pantalon acheté l’année précédente est une autre source de satisfaction. Enfin s’habiller sans avoir à procéder à des retouches fastidieuses, et coûteuses !

Je continuerai à me fixer des objectifs réalistes, à contrôler en permanence que je ne m’en écarte pas. Je ne veux pas me priver des bonnes choses, je sais simplement que je me dois de les gérer plus attentivement que d’autres personnes. Ce sera une grande victoire de garder toujours cette ligne, et surtout l’espoir d’une santé préservée, d’un bien-être qui vaut largement tous les petits grignotages non contrôlés.

Et quel bonheur de s’autoriser de temps en temps une merveilleuse tranche de Pata Negra, une bonne saucisse de Morteau ou toute autre réjouissance gastronomique, plutôt que d’en absorber quasi quotidiennement, en en oubliant presque le goût.

                                                                                              Louis

——————————-

Suite, le 15 novembre 2014.

Cinq années se sont écoulées depuis mon premier témoignage.

Cinq années de vigilance alimentaire.

Cinq années sans relâcher les efforts.

Cinq années sans avoir repris durablement des kilos.

Je dis durablement car il y a eu par ci par là des phases plus difficiles, des périodes avec moins d’exercice physique, des périodes où il était moins facile de toujours tout contrôler, des périodes où je n’avais pas envie de réprimer l’envie d’une fondue ici, d’un bon restaurant là, des écarts un peu rapprochés qui font que un kilo revient, puis deux.

Mais dans l’ensemble, mission accomplie.

J’ai un poids assez stable entre 83.5 et 84.5, quelques fois je monte un peu,  alors je redouble de vigilance pour redescendre dans la fourchette cible.

Il ne faut pas renoncer aux bonnes choses.

Il faut juste doser, se définir une zone de poids confort, savoir corriger le tir quand on se met en zone rouge.

La zone rouge : je crois que c’est important pour chacun de définir le poids qu’il ne veut pas dépasser : je me la fixe à 85.0 – 85.5.

Se fixer un objectif de poids et se donner un peu de marge de manœuvre tout en se fixant une limite haute : la zone rouge : attention danger, ralentir. Et là se dire : tiens, qu’ai-je fait pour arriver en haut de la zone de confort, en zone rouge ? Qu’ai-je progressivement laissé s’installer comme nouveau comportement qui m’a fait reprendre un peu ? Ai-je mangé trop de ci, trop de cela qui est réputé calorique ? Ai-je fait moins d’exercice sans modifier mon « régime alimentaire » ? C’est extrêmement important d’identifier les petites dérives qui s’installent et qu’on oublie : le carré de chocolat avec le café qui devient deux, puis trois. Trois fois rien, mais en quelques semaines…quelques calories accumulées.

Pas de panique lorsque cela arrive, et ça m’arrive régulièrement : reprise en main, vigilance redoublée quelques temps, et je retrouve la zone de confort avec satisfaction.

Mais attention : je ne dis pas que cela est facile.

C’est difficile, c’est une astreinte, et par moment c’est assez décourageant de se dire qu’on ne peut se laisser aller totalement.

Question de nature : c’est ainsi.

Alors comment contrôler les dérives ?

En ce qui me concerne, cela passe par un contrôle quotidien sur la bascule (même les lendemains de bombance). Et aussi m’assurer que je rentre dans mes pantalons et que je mets toujours le même cran de ceinture.

En plus, je fixe des rendez-vous réguliers avec mon médecin : cela me donne une motivation car j’ai envie d’y aller en forme, ayant tenu mes objectifs. En tous cas tous les 6 mois, et plus souvent parfois si je sens que j’ai besoin de ce garde-fou. Car quand je vais voir le docteur, c’est pour lui dire que ça va, que je me maintiens dans ma zone de forme.

C’est aussi l’occasion de formuler un objectif pour les mois qui me séparent de mon prochain rendez-vous.

Il m’est arrivé de me fixer un objectif que je n’ai pas atteint : tant pis, c’est peut-être trop ambitieux pour l’instant (à un moment je voulais passer sous les 82 k…pas encore réussi).

Je trouve cela aussi important de formuler un objectif, et d’apprendre à être réaliste dans cet objectif.

Rester dans la zone de poids de forme est déjà un bon objectif pour moi, qui réclame des efforts permanents mais pas déraisonnables. Je sais que pour l’instant, je n’arrive pas à baisser mon poids en dessous de 84-83.5, mais tant pis, on verra plus tard.

Courage et ténacité ; colère et découragement parfois, sentiment d’injustice certainement. Qui ne ressent pas cela durant les repas partagés avec les collègues qui enchaînent les burgers, les pizzas, que sais-je encore, alors que je commande la salade niçoise ou la salade grecque…alors j’ai décidé d’en faire un jeu et je ne déroge que très rarement à ma règle, ce qui me vaut alors des AHHHH étonnés.

Au final, les efforts payent et se sentir en forme, bien dans ses vêtements, capable de faire du sport : cela n’a pas de prix.

                                                                                            Louis